25/12/2010
Ami blogueur, bonjour !
Un très joyeux Noël ! Le temps passe, mes vacances de Noël aussi, et il m'est impossible de profiter de celles-ci : je ne peux plus m'empêcher, au moins une fois par heure, de penser à Mlle Julia, qui me manque... terriblement !
Mais, pourquoi est-ce aussi douloureux; pourquoi une telle sensation de vide ? L'amour aurait-il des propriétés semblables à celles... d'une drogue ?
Nous avons vu sur le plan psychologique, en étudiant la théorie triangulaire de l'amour par Sternberg, que la passion entrainait un manque envers la personne aimée... Mais qu'en dit la science ?
Eh bien, sachez que mes recherches à ces propos sont concluantes : et sans aucun doute, d'un point de vue biochimique, c'est entièrement la faute aux hormones !
La dopamine joue son rôle, j'en ai parlé l'autre jour; vous savez, sécrétée lors de la prise de drogue, elle est susceptible de déclencher une addiction ! Et c'est le cas pour moi ! Vous vous demandez probablement de quelle façon se met en place une telle addiction. Eh bien voilà; depuis que je suis amoureux de Mlle Julia, chaque moment passé avec elle stimule mon hypotalamus de façon à sécréter une grande quantité de dopamine. Cette dernière sera captée par les récepteurs dopaminergiques au niveau des synapses; ce qui modifie les messages neuronaux, de façon à me faire ressentir une sensation de plaisir !
Voilà bientôt deux semaines que je n'ai pas vu le professeur Julia. Cette hormone du plaisir n'est plus sécrétée par mon hypotalamus, les récepteurs dopaminergiques sont donc dépourvus de cette hormone : c'est de là que vient le manque.
Presque toutes les drogues passent par ce système de sécrétion la dopamine pour provoquer cette sensation de plaisir, et celle du déplaisir causé par le manque. La dopamine serait ainsi à l'origine de l'addiction !
Il n'y a donc plus aucun doute : en ce qui concerne l'addiction, l'amour est tout à fait comparable à la drogue. Mais il me reste la question suivante : pourquoi est-ce aussi douloureux ? De quelle façon une sensation aussi agréable qu'un moment passé avec la personne aimée peut devenir aussi désagréable lorsqu'on est plus avec elle ?
François Ansermet |
Pierre Magistretti |
François Ansermet est un psychanalyste de Haute-Savoie; c'est avec Pierre Magistretti, neurobiologiste (et professeur au collège de France !), qu'il a écrit, très récemment (paru en 2010), Les Enigmes du Plaisir, un livre fort intéressant dans lequel les auteurs mêlent psychologie à neurologie, et dans lequel apparaît un chapitre sur l'addiction, cette "face cachée du plaisir". Ansermet et Magistretti présentent dans ce chapitre une théorie qui se rapprocherait du philosophique à propos des sensations de cette addiction, cette théorie a pour nom la théorie des processus opposants.
Cette théorie affirme un fait qui s'appliquerait à chaque personne addicte, d'abord aux drogues, bien sûr, mais il est indiqué que les victimes de l'amour seraient aussi touchées par ce phénomène lorsqu'elles sont en manque de la personne aimée.
Voici en quoi elle consiste : au début de la prise de drogue (ce qui équivaut donc à un des premiers moments passés avec la personne aimée), l'individu, ressentira une très forte sensation de plaisir, même pour une faible dose, sensation après laquelle il sentira une faible sensation désagréable due au manque. Puis, au fur et à mesure du temps, il faudra de plus en plus de quantité de cette substance (plus de moments, plus d'activités avec la personne aimée) pour provoquer la même sensation de plaisir, et le déplaisir causé par le manque augmentera; si bien qu'au bout d'un moment, la sensation de plaisir causée sera très faible, tandis que le déplaisir sera maximal : prendre de la drogue (retrouver la personne aimée) aura ainsi pour seul but de diminuer cette sensation désagréable de manque plutôt qu'augmenter la sensation de plaisir.
On pourrait représenter cette théorie de façon graphique :
Voici donc un graphique que j'ai moi-même confectionné : on voit ainsi cette évolution de l'intensité des sensations dues à la prise de drogue (en ordonnée) en fonction du temps (en abscisse). Les unités sont arbitraires. Comme l'indique la légende du graphe : on voit en bleu la courbe correspondant au plaisir pris par cette prise de drogue, dans mon cas je parlerais du plaisir pris par les moments passés avec Mlle Julia; la courbe rouge correspondra au déplaisir causé par le manque de la drogue, dans mon cas de la personne aimée, est croissante au fil du temps. |
Ainsi donc, si le professeur Julia me manque tant, ce n'est pas parce que je ressens du plaisir à être avec elle, mais parce que je ressens du déplaisir à ne pas être avec elle... !
C'est sur cette bien triste conclusion que je vous laisse... Je vous souhaite encore une fois un Joyeux Noël et beaucoup de bonheur !
Une très bonne soirée à vous !
Dr R.